round & round we go

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parfois, pour certaines choses, il suffit juste de se mettre en selle...

Son retour à Bennington s'était organisé un peu à l'arrache, faut bien l'avouer mais bon, il avait au moins l'avantage de revenir en terrain connu, ça n'était pas comme s'il débarquait là sans connaître personne et sans pouvoir compter sur ses proches pour l'aider à tout déballer une fois installé. Évidemment, sa mère avait proposé qu'il réintègre son ancienne chambre chez eux mais non, pas réellement la meilleure solution quand on sait ce que représentait cette chambre pour lui en plus. Il avait trouvé un appart assez vite à South End, pas trop loin de l'hôpital en plus, ce qui était pratique ne nous leurrons pas et puis là au moins, il serait réellement tranquille. Car s'il avait emménagé dans le quartier de ses parents, vous pouviez être sûrs que sa mère lui aurait rendu visite tous les jours. Pas qu'il n'aimait pas voir sa mère, évidemment que non, fils à sa maman qu'il est d'ailleurs, mais bon, il n'avait plus dix ans à présent et tenait à avoir un minimum d'intimité surtout. Car bon, s'il voulait accessoirement ramener quelqu'un ici, mieux valait éviter que ses parents soient dans les parages, vu qu'il ne leur avait toujours pas dit qu'il préférait les hommes. Oui je sais, il serait plus que temps mais bon, tout aussi persuadé que Reed ne le verra jamais autrement que comme un ami, Steven est persuadé que ses parents le renieraient. Ah si seulement il savait... Nan franchement, mieux valait pas en fait.

Mais pour le moment, il ne sait pas donc oui, avoir son petit nid douillet rien qu'à lui, il y tient. Ce qui ne l'empêche pas de passer du temps avec sa mère, comme il s'apprêtait d'ailleurs à le faire cet après-midi en se joignant à elle pour une petite séance d'équitation. Bon, ça voulait dire se rendre au ranch et prendre le risque d'y croiser Reed justement, mais bon, il était passé maître dans l'art de faire comme si de rien n'était quand il était dans les parages alors ça devrait aller. Puis ça faisait plaisir à sa mère de le voir, notamment monter à cheval comme dans sa jeunesse, même s'il avait encore du mal à se détendre totalement une fois sur sa monture. Pas qu'il en ait peur ou quoi, mais disons qu'il avait juste du mal à lâcher les rênes (oui jeu de mots sur le monde hippique, ça se tient). Il enfourche donc sa moto une fois son casque sécurisé sur sa petite caboche et il prend la direction de l'extérieur de la ville pour se rendre au ranch. Le trajet n'est pas bien long même s'il prend le temps, les routes étant encore un brin dangereuses après le passage -même éclair- de la dernière tempête de neige en date.

Arrivé à destination, il se gare près des écuries, prenant le soin d'approcher à basse allure pour ne pas que le bruit du moteur effraye les chevaux et descend de sa monture en métal, retirant son casque alors qu'il entend déjà des bruits de pas s'approcher de lui. « Tu sais que je n'aime toujours pas te voir sur cette machine quand il fait un temps pareil... Un accident est si vite arrivé... » Toujours le mot pour mettre dans l'ambiance cette chère Adelaide... Mais Steven sourit malgré tout, alors qu'il embrasse sa mère sur la joue, la serrant contre lui de sa main libre. « Bonjour à toi aussi maman. » dit-il alors qu'elle recule en souriant à son tour, prenant son visage entre ses deux mains, comme s'il avait encore dix ans. « Bonjour mon chéri. Tu vas bien ? » Et commence donc la discussion entre le fils et sa mère, qui lui demande s'il prend quand même du temps pour lui, car elle ne l'a pas assez vu depuis son retour, mais il faut dire que sa résidence lui prend pas mal de temps, surtout vu le patron qu'il a, un brin... comment dire... exigeant. Ils avancent côte à côte vers les box, où les attend Rhea pour leur donner leurs chevaux. Il fait évidemment la bise à son "ex", qui est après tout restée une de ses meilleures amies et ils prennent ainsi tous les trois le chemin du manège tout en continuant de discuter de tout et de rien.

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Aujourd’hui, Reed n’était pas à la clinique étant donné qu’il avait été d’astreinte le week-end dernier, il s’accordait deux petits jours de repos, déjà parce qu’il le pouvait, mais aussi parce qu’il en avait besoin. Ses parents, et même Rhea l’avaient mis en garde des années auparavant, il en faisait beaucoup trop. Seulement Reed ne savait pas faire autrement. Depuis qu’il était en âge de travailler, il faisait en sorte de rester actif et avec les années, cela ne s’était pas amélioré. Lorsqu’il quitte le cabinet le soir, il filait au ranch pour donner un coup de main dans les écuries. Il n’y avait pas de tâches ingrates, nettoyer les boxes étaient peut-être peu gratifiant, mais cela faisait partie du jeu, c’était comme nettoyer une grosse litière, c’est ce que disait le vétérinaire aux stagiaires qui rechignaient à la tâche. Généralement, ça faisait rire et cela passait mieux. Aujourd’hui, donc, Reed était au ranch, mais pas forcément pour rien faire. Il avait commencé très tôt le matin en nourrissant les chevaux avant d’assister Rhea à un entretien. Ils désiraient en effet recruter un vétérinaire à mi-temps malgré les réticences de Reed en premier lieu. Vétérinaire de son temps, il avait immédiatement mis ses réserves sur un tel recrutement. Pourquoi recruter pour quelque chose qu’il peut faire ? S’était ensuivi une longue conversation, parfois houleuse, avec Rhea jusqu’à ce qu’ils tombent d’accord : ils prendraient quelqu’un, d’accord, mais à mi-temps. Le reste du temps, Reed gérerait.

Le recrutement s’était plutôt bien passé, au grand soulagement de sa sœur jumelle. Car, oui, Reed avait absolument voulu le rencontrer, déjà parce qu’il voulait vérifier les références et poser des questions assez poussées techniquement parlant. Mais il voulait aussi voir la personne pour ‘faire son truc’ comme avait dit sa sœur. Une poignée de main, un échange de regard, c’est tout ce dont il avait besoin pour commencer à cerner la personne. Et cette fois, Reed avait ressenti de bonnes choses, alors il donne son feu vert pour que le rendez-vous se poursuive. Rhea était habituée maintenant et elle se pliait toujours à cette condition, notamment depuis la fois où son jumeau lui avait dit qu’il ne sentait pas le nouveau garçon d’écurie. Pas manqué, quelques jours après son arrivée, ils l’avaient surpris à piquer dans la pharmacie du ranch. Quand je vous dis qu’il a du flair le Mayfield. Après le rendez-vous, Reed file se changer avant de retrouver sa sœur dans les parties communes. « Je sors m’occuper d’Adélaide, elle vient d’arriver. » dit-elle en enfilant sa veste. « Tu lui passeras le bonjour alors… » « Steven est là aussi… » lâche-t-elle l’air de rien, non sans sourire, avant de sortir. Reed reste silencieux et se pince les lèvres pour réprimer un sourire qui s’esquisse tout de même sur ses lèvres.

Ce serait malpoli de ne pas aller à leur rencontre, surtout si Steven était là. Déjà qu’il ne venait pas souvent à Bennington alors il devait profiter de sa présence. Une présence permanente puisque le résident en traumato était revenu vivre en ville, mais ça, Reed ne le savait pas. Et justement, la nouvelle risquait de le surprendre et pas qu’un peu. Mais bon, est-ce que cela allait changer quelque chose à sa vie ? Peut-être pas. Bon après tout, Steven restait un ami proche de la famille, donc l’avoir pas loin égaierait possiblement son quotidien. Mais ça, on ne le sait pas encore, puisque je vous rappelle que Reed n’en sait rien pour le moment. Heimdall sur les talons, Reed prend la direction des écuries puis du manège afin de rejoindre Rhea et leurs invités. Sa sœur et Madame Parrish étaient déjà sur leur monture tandis que Steven les regardait faire, près de la clôture. Le vétérinaire en profite pour le rejoindre, s’accoudant à la rambarde en bois. « Ta mère fait des progrès de jour en jour… » dit-il pour s’annoncer, un léger sourire aux lèvres, essayant de calmer son cœur qui avait décidé de jouer du tambour. Non, on ne peut pas oublier son crush d’adolescence… impossible. « Je ne te savais pas en ville, tu restes combien de temps ? » demande-t-il alors que Heimdall se met à renifler le bas du pantalon de Steven avant de s’asseoir pile devant lui, en le fixant du regard.

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parfois, pour certaines choses, il suffit juste de se mettre en selle...

A choisir, il préférait monter une moto, sans surprise (à défaut de pouvoir "monter" quelqu'un de bien précis... si vous voyez ce que je veux bien pouvoir dire par là et on sait très bien que c'est le cas). Pourquoi donc ? Tout simplement parce que la moto elle répondait à vos ordres, immédiatement en plus. Un coup de guidon trop sec et bam, vous filiez droit dans le décor. Bon, avec un cheval aussi ça pouvait arriver, mais là, le seul responsable en cas de problème, c'est l'humain et donc, tant qu'il se contrôlait lui-même, en général il était assuré de contrôler par la même sa bécane. Chose qu'évidemment, il ne pouvait pas faire avec un être vivant comme l'était un cheval. Voilà pourquoi oui, il n'arrivait jamais à totalement se détendre quand il montait l'une de ces formidables bêtes, magnifiques au demeurant mais un peu trop imprévisibles pour la tranquillité de son esprit. Puis d'avoir manqué de chuter une fois quand il était encore gamin, ça l'avait marqué au fer rouge, si on peut dire, là encore pour rester dans le jargon hippique.

Donc quand il est rejoint par sa chère "ex" et meilleure amie, et que cette dernière lui demande s'il veut qu'elle lui prépare une monture pour lui également, il décline bien poliment. « La prochaine fois, promis mais là je vais passer mon tour, c'est gentil. » déclare-t-il en levant les mains pour s'excuser mais sa promesse n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde pour la peine. « Oh je te la ferais tenir cette promesse mon grand, sois en sûr. » rétorque la matriarche Parrish, décrochant un sourire compatissant à Rhea envers notre pauvre résident qui rit malgré lui. Il aurait mieux fait de se taire, encore une fois. « Oh ça je n'en doute pas une seconde maman. » confirme-t-il alors qu'ils quittent ensemble l'écurie en direction du manège. Une fois les deux femmes arrivées à l'entrée du manège, il s'écarte donc du passage pour aller se poster à la clôture pour trouver sa place de simple observateur qui lui convenait très bien, merci.

Voir sa mère sourire comme elle le faisait à présent qu'elle était sur un cheval, ça lui réchauffait le cœur. Forcément vous me direz, surtout quand on sait par quoi elle était passée y a encore quelques années de ça. De la voir là, en pleine forme et pleine de vie, ça ne pouvait que le réjouir. Puis comme dit, bon fils à maman qu'il est, il ne pouvait qu'être heureux de la voir ainsi. Mais quelque chose d'autre n'allait pas tarder à lui donner chaud, enfin plutôt quelqu'un. Car peu de temps après, il entend en effet des bruits de pas arriver à ses côtés et il sait déjà à qui ils appartiennent car comme toujours, là où est Rhea, Reed n'est jamais loin. Et immanquablement, il sent que ses joues prennent des couleurs presque aussitôt mais heureusement, ça n'est qu'une impression. « Tu veux dire à cheval ou sa rémission ? » demande-t-il en tournant légèrement la tête sur le côté, sourire aux lèvres,  les mains toujours cachées dans les poches de sa veste et heureusement qu'elles le sont, car ainsi le véto ne peut pas voir qu'il les agitent comme s'il tenait une balle anti-stress entre ses doigts. « J'ai pas trop eu le temps de prévenir en fait mais... je suis revenu définitivement depuis environ un mois. Je suis résident à l'hôpital maintenant. » annonce-t-il en retournant son regard sur sa mère, prenant ainsi très consciemment soin d'éviter celui de Reed pour ne pas être en mesure d'y lire sa réaction, qu'il pense de toute manière inexistante puisque qu'est-ce que ça pourrait bien lui faire hein, qu'il soit de retour ? C'est pas comme si ça changeait quoi que ce soit pour lui qu'il soit là ou pas, pas vrai ? Si seulement il savait, j'vous dis, si seulement...