Why do we fall (in love)

 
La matinée était plutôt calme aujourd'hui, aucune intervention jusqu'à présent, de quoi lui laisser le temps de se faire une petite séance de sports à la caserne. En général, quand c'était comme ça, à savoir aussi calme, il fallait bien trouver le moyen de passer le temps et quand tout l'équipement était déjà propre comme un sou neuf bah forcément, fallait trouver autre chose à faire. L'avantage d'avoir tout sur place à la caserne, c'est qu'ils n'avaient pas besoin d'aller dans une salle de sports en ville. Après une petite heure passée à cogner son sac de sable, il passe par les vestiaires pour une douche rapide et enquille vers la cuisine, c'était à son tour aujourd'hui de préparer le repas pour tout le monde donc autant s'y mettre, avant qu'ils ne se retrouvent à devoir se barrer en urgences si jamais ils recevaient un appel. Au menu, une de ses spécialités, chili con carne (la recette de sa grand-mère), fallait bien ça pour donner des forces aux autres pour le reste de la garde après tout. Qui étonnement, continuait d'être calme même après le déjeuner, qu'ils ont pour une fois, pu finir jusqu'au bout sans être obligés de réchauffer, se voyant partir en intervention en plein milieu du repas. Les aléas de la vie de pompier en somme.

Terminant de ranger la marmite à sa place dans l'armoire, Lizio sifflote tranquillement, espérant que le reste de la garde serait sur le même ton. Mais évidemment, dans ces moments là comme toujours, rien que le fait de formuler l'idée dans sa tête sans la dire à voix haute fait que ça vous porte la poisse. Car aussitôt l'alarme les prévenant d'un incident retentit et en consultant le motif de l'intervention, il hausse un sourcil intrigué. La mine abandonnée, voilà leur destination. Visiblement leur victime s'était aventuré dans l'ancienne mine et vu que l'endroit était un véritable gruyère sous-terrain invisible pour les néophytes extérieurs, forcément, sous son poids, le terrain avait du céder, sans doute fragiliser là où il marchait et voilà comment il s'était retrouvé coincé. Comme quoi, le proverbe disait vrai au final, la curiosité était un vilain défaut et parfois, il pouvait même s'avérer fatal mais par chance (même s'il se doutait que lui ne voyait pas vraiment ça sous cet angle pour le moment), leur victime n'avait qu'une blessure alors qu'il aurait très bien pu y rester.

Départ de la caserne avec l'équipement spécial sous le bras, puisqu'en toute vraisemblance, il faudrait faire une descente en rappel pour aller le récupérer dans son piège, l'engin arrive après quelques minutes sur le site de l'ancienne mine. Pas de véhicule alentours, donc pas d'indice sur le localisation de la victime. C'est donc après dix bonnes minutes passées à tenter de le repérer en se fiant au son qu'il émettait en appelant à l'aide (bah oui, y a plus d'une entrée à la mine et je ne vous parle même pas des bras creusés dans la roche) qu'ils finissent enfin par tomber dessus. « Mr. Matheson ? Vous m'entendez ? » lance-t-il en direction du trou où ce dernier se trouvait, sa lampe torche éclairant les lieux et en effet, vu la profondeur du trou, la chute avait due être douloureuse pour lui. Une fois la réponse obtenue et sûr qu'il était encore conscient et pas rompu de douleur, il se penche un peu pour tenter de voir en bas, mais il fait trop sombre. « Où êtes-vous blessé ? Vous pouvez vous tenir debout ou pas ? » demande-t-il en plus, histoire de savoir quoi emmener avec lui là en-bas pour procéder aux premiers soins et aussi pour savoir par quel moyen ils allaient pouvoir le faire remonter car bien évidemment, on ne s'y prend pas de la même manière si la victime est blessée ou pire, si la colonne était touchée.

 
Malgré les températures fraîches, mais normales pour la saison, Perry a décidé de suivre son instinct aujourd’hui. Et son instinct lui disait d’aller faire un tour dans la montagne en suivant le Long Trail. Il connaissait ce chemin presque par cœur maintenant, il l’avait suivi de nombreuses fois depuis son arrivée, à la recherche d’indice tout aussi farfelu les uns que les autres. Une nouvelle disparition avait remué tout Bennington, les habitants ne cachaient plus leur inquiétude, la mairesse avait même dû faire une réunion exceptionnelle pour tenter de calmer les esprits. Mais la panique et la paranoïa étaient des choses qu’on pouvait difficilement maîtriser, surtout dans un contexte comme celui-ci. C’est pourquoi Perry avait décidé de poursuivre son enquête, de manière plus assidue, notamment en cherchant des indices du côté de la montagne, non loin de l’endroit où on avait vu les randonneurs de l’année précédente, pour la dernière fois.

Sac sur le dos, Perry arpente le sentier de randonnée, regardant partout autour de lui, comme si un indice pouvait lui tomber devant le bout du nez à tout moment. Mais rien. Rien de rien. Mais Perry était du genre têtu, alors il persévère et continue sur le sentier et même en dehors, ignorant totalement qu’il entre dans la zone minière. Rien à l’horizon, rien qui ne puisse lui permettre de se dire qu’il entrait dans une zone plus ou moins dangereuse car les mines se trouvaient en-dessous. Elles étaient certes abandonnées, mais le réseau souterrain était un vrai gruyère. Mais ça, le journaliste ne le savait pas, alors il continue à marcher bien décidé à rentrer ce soir avec un élément qui lui aurait précédemment échappé. Après plusieurs minutes de marche, Perry s’arrête un instant, faisant un tour sur lui-même afin de se repérer, il était foutu de se perdre le bougre. Mais pas le temps de faire un quelconque repérage, l’homme sent le sol trembler sous ses pieds tandis qu’un craquement sinistre se fait entendre. Il a juste le temps de froncer les sourcils et de se demander ce qui se passe que le sol se dérobe sous ses pieds. Sur le coup de la surprise, Perry lâche un cri avant de tomber.

Le journaliste fait une chute de quatre mètres tout au plus, pas énorme vous me direz mais assez pour fouler une cheville. La réception sur ses pieds ne se passent pas aussi bien que prévu et forcément Perry se fait mal, mais ça aurait pu être pire. Et ce qui est pire justement c’est qu’il est incapable de bouger et donc de sortir. De toute manière, impossible de grimper pour sortir de ce trou, il allait devoir faire autrement. Assis sur le sol, le brun sort le téléphone de sa poche en grimaçant et soupire de soulagement en voyant qu’il était toujours en bon état. Par contre, il n’y avait aucun réseau et ça c’était bien sa veine. Voulant appeler Eliott dans un premier temps pour l’aider à se tirer de là, il se voit contraint d’appeler le 911. Heureusement, il n’attend pas très longtemps avant que le dispatcheur n’envoie une équipe pour le tirer de là. Perry raccroche finalement et soupire. Il avait l’air d’un idiot… mais au moins ça ferait une anecdote à raconter.

Après une vingtaine de minutes d’attente, le journaliste finit par entendre un peu de bruit à l’extérieur, serait-ce l’équipe de sauvetage ? « A l’aide !! Je suis là !! A l’aide !! » s’écrie-t-il afin qu’on puisse le localiser. Et pas manqué, peu de temps après, une voix s’élève au-dessus de lui, mais il fait trop sombre pour qu’il voit quoique ce soit. « Oui !! Je suis là !! » répond-il, clignant des yeux lorsque le faisceau de la lampe atteint ses yeux. « Alors.. non, ça va pas être possible… Je crois que j’ai la cheville cassée. » Elle était seulement foulée mais bon, le brun était légèrement dramatique sur les bords, une cheville foulée c’était moins héroïque.

 
S'il y avait une chose qu'il avait assez vite appris à son arrivée dans la région à l'époque, c'était combien il était facile de se perdre en forêt si on ne savait pas s'y prendre un minimum et aussi qu'il fallait se méfier de tout ou presque, car comme venait de le vérifier malgré lui Perry, le coin regorgeait d'anciennes galeries minières, qui n'étaient pour la plupart pas indiquées en surface. Un véritable gruyère rocheux sous vos pieds, avec le potentiel de s’effondrer sous vos pieds à tous moments. Ça n'était donc pas la première fois que notre cher pompier secouriste allait se rendre sur une intervention de ce type et ça ne serait sans doute pas la dernière non plus. Surtout qu'il le savait et ses collègues aussi, avec les nouvelles disparitions récentes, l'intérêt pour le Triangle allait être ravivé et donc plus de chance pour que des promeneurs ou des enquêteurs du dimanche ne se baladent là où ils ne le devraient pas et se retrouvent dans une situation similaire.

L'appel reçu depuis le dispatch du numéro d'urgences, toute l'équipe se met donc en route pour aller porter secours à la victime. Sauf que, bah vu l'immensité du truc, difficile de localiser précisément leur client du premier regard. D'autant que comme on le sait, le pauvre était actuellement sous terre. Heureusement pour lui et pour eux, il n'était pas encore à bout de souffle et ils le repèrent enfin grâce à ses cris et se rapprochent de la zone précautionneusement, histoire de ne pas eux-mêmes finir dans un trou. Et c'est Lizio qui se charge d'établir le contact avec Perry, vu que c'est un peu son truc, les interventions de ce genre, vu qu'il adorait le rush d'adrénaline qui venait avec et qu'en général, ça arrangeait bien les autres qui n'avaient pas forcément envie de s'y coller. Bon, déjà, premier bon point, la douleur était supportable car sinon, on l'entendrait crier ou se plaindre, il pourrait donc le remonter de là sans avoir à l'endormir et ça facilitait aussi le déroulement de l'intervention. « Très bien, ne vous appuyez pas dessus alors, je vais descendre avec ce qu'il faut pour la stabiliser et vous tirer de là. » annonce-t-il en reculant, prenant le matériel adéquat pour aller le soigner et aussi le remonter à la surface.

Ceci fait, il passe son harnais, sécurise ses mousquetons et enfile son casque, paré à aller chercher leur victime et à lui apporter les premiers soins. « Mr Matheson, vous n'êtes pas soumis au vertige en temps normal ? » demande-t-il, histoire de savoir si la remontée en treuil allait poser problème ou pas pour lui et une fois la réponse apportée, il enfile la sangle de son sac autour de son torse et attrape la corde pour descendre. « J'arrive, ne bougez pas, ok ? » recommande-t-il, histoire qu'il ne se blesse pas outre mesure le temps qu'il le rejoigne pour le soigner. Commence donc pour Lizio sa descente en rappel, qui sera courte, la profondeur du trou n'étant pas si grande que ça mais vu sa blessure en effet, impossible de remonter, et même sans ça aurait été compliqué, vu la nature friable de la roche à cet endroit. Une intervention somme toute banale pour lui, mais sans le savoir, celle-ci allait le marquer, pour un bon moment... Mais ça, il ne le sait pas encore.

 
Il est vrai que cela devait être bien difficile de venir au secours de blessés par ici. Déjà, parce que le terrain était accidenté, donc difficile d’accès. Mais aussi parce qu’il n’y avait que très peu de réseau. Alors, à moins d’être pourvu d’un téléphone satellite, il valait mieux être prudent. Heureusement, on pouvait appeler le 911 même lorsqu’il n’y avait pas de réseau et c’est justement ce que notre cher journaliste en détresse vient de faire avant de raccrocher. Peut-être un peu trop, tôt, justement, car il aurait pu guider les secouristes jusqu’à lui, mais c’était une chose à laquelle il n’avait pas pensé sur le moment, encore un peu sonné par cette chute. Il n’était pas tombé de très haut, certes, mais ses jambes avaient du absorber le choc et c’est sa cheville qui a pris pour l’occasion. Une foulure, rien de très grave, mais sur le moment, la douleur est tellement vive, que le brun peine à se redresser. Alors il ne force pas et attend tranquillement les secours. Il attend et attend, le temps devient très long dans ce genre de moment là et l’après-midi étant déjà bien entamé, il espérait vraiment qu’on le trouve avant la tombée de la nuit. Les températures étaient fraîches, pour ne pas dire glaciales, il n’avait pas envie de faire une Jack Torrance, merci bien.

Mais après un moment, les secours sont enfin là et Perry se sent déjà plus rassuré, au moins, on savait où il était, il ne mourrait pas seul dans le froid… La douleur était certes supportable, mais elle le sera moins d’ici quelque temps, tout ce qu’il voulait, c’était sortir d’ici et rentrer chez lui. Et passer incognito aussi, de préférence, si certaines personnes venaient à savoir ce qui venait de lui arriver, les oreilles allait siffler pour sûr. Perry lève la tête vers la voix qu’il entend et fronce les sourcils en entendant cette question qui lui paraît étrange sur le moment avant de comprendre la suite des événements. Il allait donc sortir par la voie des airs, hmm logique vu la situation, il serait totalement imprudent de trouver une sortie par les boyaux miniers. « Pas que je sache non.. » Quatre ou cinq mètres n’allaient pas lui faire peur, ça irait. Il esquisse un sourire en entendant de nouveau la voix lui dire de ne pas bouger. « C’est pas comme si je pouvais faire autre chose de toute manière… » dit-il plus pour lui-même qu’autre chose, mais assez fort pour qu’on l’entende.

Le journaliste ne bouge donc pas, assis sur le sol, son téléphone dans les mains pour éclairer le pompier qui descend à sa rencontre, comme si la torche de son portable pouvait rivaliser avec celles des secouristes. Après quelques secondes, il finit par voir le secouriste en question, du moins en partie. « Noël est en avance cette année ? » dit-il à mi-voix en scrutant l’homme, il faut dire qu’il avait une belle vue de là où il était. Un ange tombé du ciel, littéralement. Et un ange drôlement bien foutu d’ailleurs, mais on s’égare, sûrement le choc de la chute qui lui faisait penser des choses pareilles. Sûrement oui. Perry s’écarte un peu pour laisser l’homme poser pied à terre, lui au moins, le pouvait. « On pourrait croire que vous faites ça tous les jours. » déclare-t-il pour se donner une contenance et pour cacher sa nervosité, bref, ce qu’il fait d’habitude quoi, il parle pour meubler.

 
Ah ça pour sûr, accéder à un tel endroit était déjà en soi pas mal compliqué vu la nature du terrain qui n'aidait pas mais de ne pas avoir donné la position précise la compliquait encore plus. Heureusement pour Perry, comme dit, l'équipe de la caserne était habituée à tout ça, y compris localiser leurs victimes quand leurs coordonnées étaient imprécises. Mais clairement, se balader par ici avec un téléphone satellite n'était pas une mauvaise idée, précisément pour des situations pareilles. Après tout, il y avait déjà eu des morts de froid par ici, très peu, mais là aussi, peu préparé, les victimes n'étaient clairement pas équipées pour survivre à une nuit dehors, en plein hiver, dans une telle zone. Par chance, il avait au moins de bons poumons et s'était fait entendre, suffisamment pour qu'ils puissent le trouver et il allait pouvoir quitter son trou dans un délai assez court. Car en effet, le soleil déclinait déjà et la température extérieure n'allait plus tarder à suivre le mouvement. Autant éviter qu'il ne finisse en bâton glacé tel un vrai Jack Nicholson à la fin de Shinning.

Assessant la situation exacte dans laquelle se trouvait donc Perry afin de prendre le matériel nécessaire pour l'extraire mais surtout avant, le soigner, Lizio lui pose quelques questions, notamment de savoir s'il avait ou non le vertige car oui il avait du le deviner, ça allait se faire par la voie des airs. Beaucoup trop dangereux de le faire en s'aventurant dans les galeries déjà existantes. Et il avait déjà vu des victimes commencer à avoir une crise de panique en plein milieu de la procédure, réalisant qu'au final, ils avaient bel et bien le vertige. Donc autant s'assurer que tout se déroulerait bien pour s'éviter les complications et accessoirement, la sur-blessure. « Très bien. » déclare-t-il, rassuré sur ce point là avant de lui demander de ne pas bouger. Petit rappel sans doute inutile oui, puisqu'il n'est pas réellement en état de bouger mais ça ne coûtait rien de le redire. Et une fois harnaché, Lizio commence sa descente, esquissant un sourire en entendant le commentaire émis par le journaliste. Au moins il gardait le sens de l'humour, c'était bon signe.

Et son franc-parler également, en témoigne la réflexion qu'il a pour lui-même de base, mais manque de bol, vu la petitesse du trou, sa voix porte bien plus que ce qu'il ne le pense sûrement et le pompier sourit, amusé, se doutant que la vue qui s'offrait à Perry devait être loin d'être désagréable. Mais professionnel, il n'en dit rien et pose enfin le pied à terre, se détachant de sa corde dans la foulée et esquisse un léger sourire au nouveau commentaire. « Peut-être pas tous les jours, mais bien plus souvent que vous ne pouvez le penser. » commente-t-il alors qu'il met un genou à terre, déposant son sac à côté de lui, se penchant un peu plus sur lui pour examiner sa blessure. « Je peux ? » dit-il, demandant son autorisation, histoire qu'il se prépare mentalement à être manipuler. Son aval obtenu, il soulève donc doucement sa cheville et rien qu'au toucher, il peut dire qu'il ne s'agit que d'une foulure. De toute manière, si c'était bel et bien une fracture, il serait déjà en train de crier de douleur. « Bon, bonne nouvelle pour vous, ça n'est qu'une foulure. » annonce-t-il avant de chercher une atèle dans le sac de matériel. « La mauvaise, c'est que vous n'allez pas pouvoir marcher correctement pendant au moins une quinzaine de jours donc plus de balade dans la forêt en solo pour le moment. » ajoute-t-il avec un léger sourire compatissant, alors qu'il installe l'atèle autour de la cheville blessée.

 
Tout se mettait en travers de son chemin dans cette enquête. D’abord ce stupide Ashley qui lui avait foutu une sacrée frousse l’autre nuit et maintenant cette chute. Bon à préférer, il aurait voulu avoir de nouveau peur, car il s’était vraiment fait mal à la cheville. Il n’était pas médecin, mais il savait qu’il n’allait pas pouvoir se déplacer comme il le voulait pendant quelque temps. De là à ce qu’elle soit cassée… bon peut-être qu’il en avait trop fait, mais Perry était Perry. Il exagérait la plupart du temps avec cette exubérance qui lui appartenait, mais ce soir, le brun avait juste envie de sortir de ce trou. Littéralement. Heureusement pour lui, les secours sont rapides, plus qu’il ne l’aurait cru en tout cas et c’était bon à savoir si jamais cela devait arriver de nouveau -et il espérait que ce ne soit pas le cas, on ne va pas se mentir.

Le pompier amorce sa descente et il faut dire que le journaliste a une sacrée vue de là où il était. Une vue en contre-plongée sur un magnifique fessier, y avait pire comme sauvetage, non ? En tout cas, il le fait savoir à sa manière, même si c’est sa nervosité qui parle un peu pour lui à cet instant. Pas qu’il ne le pense pas, mais comme approche, y avait mieux quand même. Il reste pensif à sa remarque, intéressant, très intéressant. Alors il n’était pas le seul idiot à se coincer dans un trou pareil ? Cela le rassurait un dans un sens. Perry se redresse lorsque le pompier met un genou à terre et l’éclaire à l’aide de la torche de son téléphone même s’il avait déjà ce qu’il fallait, mais sait-on jamais. Oui, le journaliste n’était pas tellement rassuré par l’obscurité, notamment lorsqu’elle était complète.

Il hoche la tête lorsque le beau pompier lui demande son autorisation avant de le manipuler. Et presque aussitôt, Perry grimace de douleur. C’était supportable, mais c’était loin d’être agréable. Il fait une légère moue à l’annonce de la bonne nouvelle et l’observe fouiller dans son sac. « Même avec des béquilles ? Bon, je vous l’accorde, une randonnée en forêt avec des béquilles c’est pas forcément recommandé, c’est même sûrement à proscrire sinon vous allez de nouveau devoir me secourir et ce serait dommage d’en arriver là. » dit-il en souriant avant de se crisper lorsque la douleur lui lance dans la cheville. Instant karma. Dommage, c’était vite dit bien sûr, mais il allait finir par en avoir marre d’aller secourir un crétin qui regardait pas où il marchait. L’atèle installée autour de sa cheville, la douleur s’atténue un peu car elle est comprimée par le matériel et Perry peut souffler un peu. Temporairement, car l’obscurité qui les englobait lui saute maintenant aux yeux. Jusqu’à maintenant, il était focalisé par cette peur d’y rester et par la douleur, mais maintenant qu’il y voyait plus clair -enfin pas vraiment- il sentait qu’il était entouré par de grands espaces obscurs et cela ne le rassurait vraiment pas du tout. Instinctivement, il se rapproche un peu plus du pompier. « Vous… vous auriez une lampe torche en trop ? ou quelque chose de lumineux ? » demande-t-il d’une voix un peu moins assurée que précédemment. Sa façon pour lui de lui dire qu’il n’était pas vraiment rassuré sans pour autant lui dire qu’il avait peur du noir. Pour un type de son âge, ça la foutait mal et oui, on s’est déjà moqué de lui à cause de ça et oui, il s’est vexé premier degré.

 
Espérons quand même pour Perry mais aussi quand même pour les pompiers, qu'il essaie de ne pas reproduire sa mésaventure dans un avenir proche comme lointain et que cela lui serve de leçon. Ne jamais venir dans un tel coin seul et surtout, mal équipé. Comme dit, ça arrivait plus souvent qu'on ne le pensait mais si tout ça pouvait être évité, ça vaudrait mieux. Avouez que ça serait bête qu'ils persistent à ne se croiser que dans de telles circonstances. Enfin, ne mettons pas la charrue avant les bœufs et laissons déjà notre cher pompier s'occuper de sa victime. Qui ne perd pas le nord semblait-il, pas s'il en croyait le commentaire qu'il lâche, pensant sûrement être discret, à propos de son fessier mais au moins, ça voulait dire que la douleur était supportable et surtout, qu'il était en pleine possession de ses moyens, un bon signe pour son bilan neuro car après une telle chute, ça aurait pu être une complication. Rapide examen visuel fait une fois qu'il l'a rejoint au sol, Lizio procède assez vite à un plus poussé de sa cheville et le résultat tombe. Cheville foulée mais pas cassée. Déjà une bonne nouvelle en soi, même s'il se doutait que pour lui, ça l'était moins. Confirmation faite quand Perry demande s'il peut bouger même avec des béquilles, lui tirant un léger sourire. « Si vous ne voulez pas que ce genre de petit intermède devienne régulier entre nous, il faudrait quand même éviter les béquilles.» précise-t-il tout en sécurisant l'atèle autour de sa cheville.

Le corps humain et encore plus le cerveau, nous préserve souvent de tout un tas de choses quand le besoin s'en fait ressentir. Voilà pourquoi Perry ne réalisait que maintenant qu'il était dans un trou noir (pas celui dans l'espace hein), et qu'avec le jour déclinant au dehors, ça se faisait encore plus sentir à présent. Elizio devine alors qu'il devait en avoir pris conscience, vu sa question et il attrape donc sa lampe de poche et la lui tend, celle de son casque éclairant assez pour qu'il puisse s'en passer le temps qu'ils remontent à la surface. « Tenez. » lance-t-il, l'activant avant que le journaliste ne s'en saisisse, lui laissant le temps de, de son côté, attraper la sangle qu'il allait devoir lui passer pour procéder à son évacuation. « Restez comme ça, je vais passer ça autour de votre torse pour le sécuriser, qu'on vous remonte au plus vite. » annonce-t-il, avant de se rapprocher de lui, passant les sangles du harnais dans son dos, se retrouvant pour le coup, quasi collé à lui l'espace de quelques secondes, avant de reculer pour fermer le tout avec le mousqueton qui allait être accroché à la corde. « Et voilà. Prêt à sortir de là ? » demande-t-il, lui tapotant sur l'épaule doucement, faisant signe à ses collègues en haut de se tenir prêts à actionner le treuil pour les faire remonter et aux autres de préparer le brancard pour l'emmener au véhicule. Bon, le retour allait être un peu long pour lui, vu la nature accidentée du terrain, le temps qu'ils regagnent la route la plus proche, ça allait secouer un peu et vu sa cheville, il allait le sentir passer mais au pire, il pourrait lui donner un anti-douleur si vraiment ça devenait insupportable. Le but du jeu c'était d'éviter qu'ils en arrivent là après tout.

 
Espérons même si l’avenir nous dira que c’est tout le contraire. Perry avait le don de s’attirer des ennuis, tout le temps. C’était un aimant à conneries et ça a toujours été ainsi. Une foulure à la cheville, c’était donc plutôt une bonne nouvelle. Le pire qui lui était arrivé, c’était lorsqu’il avait vu sa voiture couler au fond d’un lac, oui oui c’est arrivé. Il avait voulu aller trouver l’inspiration dans un endroit calme, au bord d’un lac donc. Mais notre cher écrivain -l’époque- avait oublié de mettre le frein à main alors que la voiture était stationnée tout près de la pente où les bateaux étaient mis à l’eau. Je ne vais pas vous faire de dessin, je pense que vous avez compris tout seul ce qui s’était passé. Donc oui, une foulure n’était rien comparé à la disparition d’un SUV dans un lac, du moins l’assurance ne rembourse pas de la même manière. Il rit nerveusement lorsque le pompier lui dit qu’en effet, il vaudrait mieux éviter les béquilles et il se targue même de faire une petite moue faussement vexée. « Et qui vous a dit que je ne le voulais pas ? » demande-t-il avec un léger sourire. Oh ça va, il avait le droit d’en rire et effectivement, ils se croiseront bien plus tôt qu’ils ne le pensent.

Maintenant que la douleur était moindre grâce à l’atèle qui comprimait la foulure, Perry se rendait compte de certaines choses. Déjà que le trou était plutôt profond et qu’il aurait pu se faire bien plus mal. Mais surtout, qu’il faisait noir et pas qu’un peu. L’obscurité les entourait et le journaliste avait l’impression que cette dernière gagnait du terrain au fur à mesure que les secondes passaient. C’est donc tout penaud qu’il demande une autre lampe et le pompier ne se fait pas prier. Perry le remercie avec un hochement de tête, esquissant un sourire un peu crispé. Le brun l’allume et éclaire ce qui l’entoure, pas totalement rassuré non plus avant de sursauter lorsque le pompier se rapproche soudainement de lui pour le harnacher. Qu’est-ce qui était le plus gênant : qu’il est peur du noir ou être collé à un pompier sexy ? Les deux mon capitaine. Enfin, non pas que c’était gênant d’être collé à un tel spécimen, mais il aurait préféré que ce soit dans d’autres circonstances.. quand je vous dis qu’il attirait les ennuis ! Perry laisse donc le secouriste passer le harnais dans son dos alors qu’il se retrouve littéralement coller à lui et plus de doutes possible, il était sacrément bien foutu, de là où il était, il pouvait le sentir. « Plus que jamais… » répond-il en hochant vivement de la tête alors que, quelques secondes plus tard, ils se mettent doucement à remonter. Le journaliste inspire profondément, essayant d’échapper au regard du secouriste et éclaire le fond du trou dans lequel il était tombé avant que les lumières de ses collègues n’apparaissent subitement, le faisant cligner des yeux. La remontée n’avait pas été longue, heureusement dans un sens, même si… vous savez très bien de quoi je parle. Le brancard est déjà là et Perry l’observe en faisant une légère moue. Il aurait pu s’en passer, mais vu l’endroit où ils étaient, il ne se sentait pas du tout de marcher, il serait capable de se fouler l’autre cheville. Mais avant, le pompier qui l’avait tiré de là devait lui enlever le harnais, ce qu’il fait et le journaliste regarde ailleurs en attendant. « Merci beaucoup… » dit-il en esquissant un léger sourire lorsqu’il est enfin libéré du harnais et donc du pompier. « On est pas encore sorti de là, mais merci. »

 
Que voulez-vous, certaines personnes attiraient le mauvais œil, ou se créer leurs malheurs selon comment vous conceviez la chose, c'est comme ça. Puis ça lui donnait du boulot à lui et ses collègues en un sens. Mais oui, c'était un travers du journaliste qu'il allait apprendre à connaître dans un avenir proche, en effet... Pour l'instant, il était plutôt en train de se familiariser avec son côté "no filtre", vu la réponse qu'il lui offre quant au sujet de se recroiser dans des circonstances similaires à l'avenir. « Rien en effet, mais pas besoin de vous fouler la cheville à chaque fois que vous voulez me voir. Suffit de demander. » rétorque-t-il en arborant un léger sourire au coin des lèvres. Plaisantait-il ou pas ? Hum, oui et non, oui il plaisantait pour alléger l'ambiance et le mettre plus à l'aise et non, bah tout simplement parce qu'il n'était pas aveugle. Même dans l'obscurité ambiante, il pouvait voir que Perry était plutôt bien fait de sa personne et oui, il était tout à fait à son goût en plus. A notre cher journaliste donc, de prendre sa réflexion comme il l'entendrait.

Aller, revenons-en à nos moutons si vous voulez bien. Maintenant que la cheville de notre journaliste est prise et sécurisée dans son atèle, vient le moment pour Elizio de lui passer son harnais, histoire que les collègues puissent le faire remonter à la surface. Il ne se formalise pas plus que ça quant au fait que Perry demande sa lampe torche. Là encore, d'une, il n'est pas là pour le juger (et il a déjà vu bien pire comme peur d'apparence stupide, croyez-moi) et de deux, même lui n'était pas forcément à l'aise ici, l'endroit contribuant il faut dire, à donner une légère impression de claustrophobie plus ils restaient là et que la nuit commence à tomber dehors. Alors oui, il est collé à notre cher ex-écrivain pendant quelques brèves secondes, mais fallait bien ça pour qu'il puisse lui mettre le harnais, ce qui ne veut pas pour autant dire qu'il n'apprécie pas le contact au passage. Mais bon, il faut rester professionnel quand même, alors une fois le tout bien en place et sécurisé, il lui demande s'il était prêt à sortir de là et sa réponse lui tire un nouveau sourire. « Tenez vous bien. » lui conseille-t-il en dernière recommandation pour que la remontée se passe au mieux et il tire sur la corde, signal convenu avec les autres pour lancer le treuil.

Quelques secondes plus tard, les voilà bel et bien arrivés sur la terre ferme, le trou n'étant pas si profond que ça après tout et le treuil étant quand même puissant, pas besoin de longtemps pour remonter deux hommes de leurs corpulence. Tout était prêt en tout cas, pour emmener Perry à l'hôpital, histoire de passer quelques petits examens de routine pour confirmer qu'il n'avait pas subit de dommages autre que sa cheville foulée. Même si oui, le trajet ne serait pas forcément de tout repos pour autant. Lizio défait alors le harnais, histoire que les autres puissent allonger le journaliste sur le brancard et sourit à nouveau quand ce dernier le remercie. « Non, pas encore mais ça va aller, d'ici quelques jours, si vous suivez mes conseils, vous pourrez à nouveau marcher sans douleur. Puis c'est mon boulot, vous savez. » Bon, ça faisait toujours plaisir d'entendre un merci, c'est sûr, car tout le monde ne le faisait pas toujours (les gens de nos jours...) mais là, il sentait surtout qu'il disait ça par culpabilité, se sentant sûrement idiot d'être tombé là-dedans et de les avoir mobiliser pour rien, pour ainsi dire. « Appuyez-vous sur moi, je vais vous aider à vous installer. » propose-t-il alors, pour les quelques mètres qu'ils avaient à faire jusqu'au brancard. Ça soulagerait sa cheville déjà, et puis ça permettrait surtout de prolonger le contact physique encore un peu. On peut être professionnel et savoir profiter un peu, pas vrai ? Après tout, y a rien dans la loi qui interdisait de joindre l'utile à l'agréable...

 Ce côté sans filtre pouvait jouer en sa défaveur, on ne va pas se mentir et cela était déjà arrivé. Quand je vous dis que Perry avait le don de s'attirer des emmerdes, ce n'était pas un mensonge. Lorsqu'il était nerveux ou mal à l'aise, il ne pouvait pas s'empêcher de parler et donc de dire à voix haute ce qui lui passait par la tête et le plus souvent la situation devenait encore plus gênante après ça. Le journaliste avait du mal à gérer le silence et il pensait que le combler, même en disant une connerie, était la choses à faire. Parfois, il pensait l'avoir pensé avant de voir, à la tête de son interlocuteur, qu'il avait parlé à voix haute. Donc oui, il n'avait pas pu s'empêcher de dire que c'était Noël avant l'heure et encore c'était gentillet, il pouvait parler de n'importe quoi en disant cela. Mais son regard appréciateur ne trompait pas et le pompier avait parfaitement compris qu'il parlait de ses fesses. Gênant, je vous dis ! Mais il en faut plus pour ébranler Perry. Déjà, le fait de se retrouver coller tout contre le sauveteur n'avait fait qu'accentuer cette petite sensation de malaise. Difficile de ne pas sentir le corps bien bâti du pompier contre le sien et si le contexte avait été différent, vous pouvez être certain qu'il lui aurait fait savoir. Mais bon, il n'avait aucunement l'intention de le mettre mal à l'aise, surtout devant ses collègues et puis il n'avait pas envie de se retrouver avec une plainte pour harcèlement.

Après un petit moment suspendu dans les airs, littéralement, Perry peut rejoindre la terre ferme. Et une fois la dure réalité retrouvée, et bien ça fait mal, littéralement encore une fois. Entre les projecteurs de fortune qui l'éblouissent, sa cheville qui fait mal et surtout le froid mordant qui lui glace instantanément les os, Perry a une mine un peu plus sombre à cause de toutes ces sensations qui lui viennent d'un coup, mais il tient bon, c'était pas le moment de craquer. Il remercie de nouveau le pompier, déjà un peu plus intimidé en voyant les autres tout autour, il aurait presque préféré rester dans le trou avec lui, c'était déjà plus intimiste. Mais bon, on va mettre ça sur le coup de la fatigue et du choc. Il avait mobilisé toute une équipe pour une chute stupide, alors la moindre des choses c'était de s'excuser et de faire profil bas. Quant à promettre de rester tranquille pour les prochains jours.. c'était comme demander à un enfant de rester éloigné d'un bocal de bonbons, vous vous doutez bien que le Perry n'attendra pas deux semaines pour aller gambader dans la forêt. Pour le moment, son sauveur lui demande de s'appuyer sur lui alors il ne se fait pas prier. Le journaliste prend de nouveau appui sur lui, passant son bras par dessus ses épaules et y a pas à dire, c'était agréable. Mais ce n'était pas raisonnable, ça lui donnait des idées vraiment mal placées et ce n'était pas le moment pour ça, il ne faisait que l'aider après tout... Perry utilise le moins possible sa cheville et ils arrivent enfin au brancard sur lequel il s'allonge, se permettant d'expirer longuement, l'effort était réel. « Vous savez.. vous n'êtes pas obligé de m'emmener à l'hôpital, je pourrais me débrouiller et puis je ne voudrais pas vous faire faire un détour.. » Et connaissant son fils, il allait rappliquer dans la seconde pour l'engueuler devant toutes les urgences alors si on pouvait éviter un moment de gêne...

 
Que Perry se rassure, Elizio n'irait pas porter plainte pour harcèlement pour si peu, surtout que bon, ça n'était pas la première fois qu'on faisait des remarques sur son physique (ou celui de ses collègues bien sûr) au cours d'une intervention, vous pensez bien. Fallait bien s'entretenir pour exercer un tel métier et forcément bah, ça se voyait et ça pouvait aussi se sentir, comme lorsque le journaliste se retrouve coincé contre lui alors qu'ils remontent tous les deux à la surface une fois équipés correctement. Mais bon, définitivement pas l'intervention la plus gênante qu'il ait eu à vivre jusque là je vous rassure. Ça l'amusait même à vrai dire, son côté sans filtre et loquace sous le coup de la nervosité. Puis en comparaison à celle qu'il avait en tête, la plus embarrassante, c'était effectivement bien gentillet là aussi (oui, bizarrement c'était moins traumatisant pour lui que d'avoir retrouvé un couple de septuagénaires coincés dans une fâcheuse posture et s'il vous plaît, dans le plus simple appareil... bah oui sinon en soi, c'est pas si traumatisant que ça, ça restait deux personnes s'envoyant en l'air quoi).

Rapidement rapatriés sur la terre ferme, oui, forcément, maintenant que le choc était passé et qu'il se retrouvait totalement debout sur ses deux pieds, la douleur revenait en force pour le journaliste. Qui réalise aussi les moyens déployés pour venir le tirer de là. Mais comme l'a dit Lizio plus tôt, c'était plutôt quelque chose d'assez banal pour eux au final. Restait plus qu'à espérer qu'il ne reparte pas explorer dans les jours à venir sinon là oui, il risquerait de se mettre les gars de la caserne à dos... Lui conseillant de s'appuyer sur lui pour arriver jusqu'à l'ambulance et le brancard, notre cher pompier semble lire quelque chose dans son langage corporel, de la tension, mais qu'il met sur le compte de la douleur, fort heureusement et pas sur le trouble que tout ça faisait naître chez l'ancien écrivain. Ouais, pas réellement l'endroit ou le moment pour ça, entourés de tous les autres. Mais il parle alors de ne pas l'emmener à l'hôpital pour ne pas déranger et là il lui offre un regard qui clairement lui fait comprendre qu'il n'y échappera pas. « C'est la procédure, on ne peut pas vous relâcher comme ça, pas sans une radio pour confirmer que ça n'est pas cassé. Désolé. Vous allez devoir me supporter encore un peu, je sais ça vous peine d'avance, je m'en doute. » dit-il en esquissant un sourire. Il le taquinait, très clairement, jouant sur sa remarque d'avant impliquant qu'il n'était pas insensible à son physique mais c'était de bonne guerre, pas vrai ? Et puis ça montrait qu'il ne le prenait pas mal.

Une fois le brancard en place, Perry sécurisé dessus, l'ambulance se met donc en route direction l'hôpital mais comme prévu, vu où ils étaient, les premières minutes sont un peu cahotantes mais assez vite ils regagnent le sentier forestier et de là, la route principale. Ainsi, une demi heure plus tard, les voilà qui débarquent enfin, déchargeant le patient et Elizio revient le voir, poussant le brancard jusqu'à l'accueil. « Et voilà, c'est là que je vous abandonne donc, et j'espère que vous allez rester sage avec cette cheville. Pas que ça m'ennuierait de vous revoir mais j'aimerais que ça ne soit pas pendant une autre intervention, de préférence. Bon courage. » déclare-t-il, toujours avec ce léger sourire au coin des lèvres (après tout, il pensait ce qu'il pensait ce qu'il venait de lui dire) et il lui adresse un dernier signe de la main avant de quitter les lieux, retournant dans l'ambulance avec ses collègues, direction la caserne et surtout, le repas du soir car il commençait à faire faim pour toute l'équipe à présent, surtout après une telle sortie qui ouvrait bien l'appétit, surtout par un tel froid dehors aussi.

 Perry était enfin sorti de ce trou, littéralement. Et malgré le fait qu’il retrouve la lumière, il se sentait un peu honteux. Déjà parce qu’il avait fait déplacer toute une équipe à cause d’une chute totalement nulle. Mais aussi parce qu’ils allaient l’emmener à l’hôpital pour une simple foulure. Et quand on sait combien coûtent les interventions aux contribuables, oui, ça l’embêtait un peu. Rien qu’un peu, parce qu’on allait pas se mentir, cela lui avait permis de rencontrer les héros de Bennington. Non, il n’en faisait pas des caisses, ils savaient ce que les pompiers secouristes faisaient tous les jours et rien que pour ça, il leur tirait son chapeau. Et puis, il y en avait de sacrément mignon, notamment un. Mais bref, on s’égare un peu là… Le journaliste s’appuie prudemment sur le pompier alors qu’ils regagnent le brancard, lui permettant de sentir que, oui, il devait bien s’entraîner pour avoir un corps pareil et ça lui donnait presque envie d’écrire un article sur le sujet… parce qu’il fallait bien mener son enquête sur le sujet non ? Oui, Perry avait de la ressource quand il voulait quelque chose, ça, on ne pouvait pas le lui reprocher.

Installé sur le brancard, le brun fait une petite moue avant d’expliquer au pompier qu’ils pouvaient le laisser chez lui. Déjà parce que ça allait leur éviter un détour par l’hôpital, mais surtout, ça allait lui éviter une déconvenue avec Eli. Lorsque son fils allait apprendre qu’il était urgences pour une foulure suite à une chute dans le fin fond de la forêt, il allait forcément rappliquer avant de lui faire la morale devant tout le monde. Il l’adorait son fils, qu’on se le dise, mais il était particulièrement pénible lorsqu’il était comme ça, il s’inquiétait bien trop pour Perry. Un chien fait pas des chats comme on dit.. Si les rôles étaient inversés, Perry piquerait sûrement une crise lui aussi, mais c’était son rôle de père de faire dans le dramatique, pas de son fils. Mais tout ça, il ne peut pas l’expliquer au pompier qui ne peut évidemment pas répondre positivement à sa requête. « Oh mince alors… moi qui ne voulait plus avoir à faire à vous, quelle malchance… » dit-il en répondant avec le même sourire. S’il voulait être taquin avec lui, il allait répondre de la même manière, ce serait mal le connaître. Mais tant pis, s’il devait aller à l’hôpital, alors qu’ils l’emmènent, il se débrouillerait pour prendre un taxi.

Dès qu’il est installé à l’arrière de l’ambulance, cette dernière se met en route en direction de l’hôpital. Les premières minutes sont digne du Paris Dakar et le journaliste fait son possible pour rester impassible, les doigts serrant de toutes leurs forces les rambardes du brancard. Mais ils atteignent finalement la route et il peut enfin souffler. Il ne faut pas bien longtemps avant qu’ils n’arrivent à l’hôpital et c’est lorsque le pompier se place devant lui qu’il réalise finalement que leurs chemins se séparaient ici. Il hausse un sourcil, amusé et intrigué par ce qu’il lui dit et un petit sourire s’installe sur ses lèvres, comment vous voulez rester impassible devant ce gars ? Impossible. « Je ne vous promets rien, je suis du genre têtu vous savez… » répond-il en haussant les épaules. « En tout cas, ça ne m’ennuiera pas de vous revoir non plus… » Que ce soit en intervention ou non, peu importe le contexte, il avait de le revoir le pompier. Il répond à son signe de main en faisant de même, un air un peu bête sur le visage, le regardant s’éloigner non sans laisser traîner ses yeux sur sa silhouette, clairement satisfait de ce qu’il voit.