ennui quand tu nous tiens ... (Sélémis #1)

ennui quand tu nous tiens...

boredom is a dangerous thing, when it may lead to something else...

Comme dans tous les boulots, il y avait des bons et des mauvais côtés. Pour sa part, elle comptait énormément de bons pour le sien. Celui de pouvoir toucher les gens d'une façon concrète, de contribuer à donner l'envie aux autres d'apprendre toujours plus, de pouvoir faire un métier qu'elle aimait et qui la passionnait, qui lui donnait la possibilité de parcourir le monde pour le pratiquer. Mais oui, là, elle doit malheureusement subir un des mauvais côtés en se coltinant cette réunion du département d'Histoire. Le genre même qui pourrait tout à fait être remplacée par un email qui leur rappelaient simplement les dernières notes et autres décisions prises au sein de leur département. Mais aussi comment allait s'organiser les partiels de fin d'année. Oui, ils prenaient largement les devants à ce rythme là, puisqu'on est encore qu'au mois de mars, mais comme partout ailleurs quand une lourde administration est impliquée, c'est un mimimum nécessaire, le temps que tout soit mis en mouvement. Et ça aussi, ça ne lui avait pas manqué lorsqu'elle enseignait encore ailleurs. Oh y avait toujours de la paperasse, ça, ça restait une constante partout évidemment, mais au moins c'était moins pompeux et soporiphique que là.

Car oui, elle n'écoute que d'une oreille tout ce qui se dit, et puis sa concentration était de toute façon mise à rude épreuve depuis le départ puisque, sa chère et tendre belle-soeur avait pris place à côté d'elle. Comment vouliez-vous qu'elle puisse apporter la moindre once d'attention à ce que le chef du département alors qu'elle se tenait juste là, à quelques centimètres seulement d'elle. Elle peut sentir son parfum de là où elle est. Un parfum doux mais entêtant, à l'image de celle qui le porte dirait-elle si on lui posait la question. Car oui, même si elle prétend le contraire encore ou plutôt, se réfugie dans le déni, elle en pince pour elle. Comment ne pas être attirée par une telle femme en même temps ? Elle a tout pour elle, enfin selon ses critères à elle évidemment. Un esprit vif, de la répartie et de l'humour, un cerveau qui fonctionnait correctement et qui était aussi rempli que le sien, une passion commune pour l'Histoire et les Arts... Et bien entendu, on ne va pas se mentir, un physique des plus avantageux. Elle était pas aveugle après tout.

Mais bon, pour le moment encore, elle tente de garder son inclinaison pour elle secrète. De toute façon, ça n'était pas comme si quelque chose pouvait se passer entre elles non ? Sur le papier, clairement, non, mais en pratique... Oui, elle ne peut pas se dire qu'elle ferait mieux de l'oublier et de choisir quelqu'un qui n'est pas -malencontrueusement- mariée à son propre frère. Ca serait plus facile, plus logique aussi, mais pour le moment, échec total de toute tentative de le faire. Pourtant c'est pas comme si elle avait du mal à rencontrer des potentiels partenaires, mais elle ne saurait dire pourquoi, elle finissait toujours par se lasser très vite et en mémoire, lui revient ce dernier rencard qu'elle avait eu où ce type avait passé la soirée à se vendre, presque comme si elle n'était pas là face à lui. Elle s'était ennuyée, comme elle s'ennuyait présentement, en écoutant à moitié le discours de leur chef, si bien qu'elle se met à mâchonner la pointe de son stylo d'un air absent. Elle pourrait être dans son bureau en train de continuer de parcourir la thèse qu'un de ses anciens élèves lui à envoyer et qui promettait d'être passionnante vu le sujet choisi. Ou tout simplement être dans sa chambre, à faire autre chose. N'importe quoi d'autre plus intéressant que d'assister à cette réunion quoi... Même si dans sa chambre, elle finirait aussi par finir à penser à elle, vu qu'elle n'était qu'à quelques mètres plus loin. Ouais, il faudrait vraiment qu'elle pense à se chercher un appartement au plus vite... Sauf que, bizarrement, en un sens, elle n'en a pas envie parce qu'alors, elle n'aurait le plaisir de la voir aussi souvent...

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boredom is a dangerous thing, when it may lead to something else...

Les réunions étaient ce qu'il y avait de pire dans leur métier. Enfin, du point de vue de Séléné en tout cas. Elle avait bien du mal à rester là, assise à écouter quelqu'un parler pendant plus de dix minutes. Bien sûr qu'elle le pouvait, encore fallait-il que la personne en question raconte des choses intéressantes et passionnantes. Le budget du département d'histoire n'était clairement pas passionnant aux yeux de la brune qui réprimait un baillement depuis une dizaine de minutes maintenant. Ce ne serait pas très bien vu de se décocher la mâchoire devant le directeur du département, mais l'envie était là. Alors elle calme cette envie en sirotant son café noir de temps à autres et en pensant à ce qu'elle ferait après cette réunion bien trop longue à son goût. L'organisation des partiels arrive sur le tapis, c'était déjà plus interessant mais pas assez pour Séléné qui commence à sombrer, en témoigne son menton qui se cale dans la paume de sa main. Elle apprend de la bouche du directeur que tous les enseignants allaient participer à la surveillance des examens et que nul ne sera exempté cette année. Evidemment, chaque année, certains arrivaient à se délester de cette charge grâce -ou à cause- d'événements plus ou moins excusable, mais apparemmen cette année, la présence de tous sera obligatoire. Séléné apprend ainsi qu'elle allait surveiller le partiel d'histoire ancienne aux côtés de sa chère belle-soeur qui se trouvait justement à côté d'elle à cet instant.

La nouvelle n'est pas si mauvaise, au moins, elles s'ennuieraient à deux si on peut dire ça comme ça. Même si en vérité, Séléné préféraient partager autre chose qu'une surveillance avec l'autre brune, mais ce sont des choses qui ne se disaient pas et puis elle était ridicule de penser à des choses pareilles surtout lorsque la concernée se trouvait à un mètre d'elle. Elle risque un regard vers cette dernière et esquisse un sourire avant de froncer les sourcils en voyant le bout de son stylo dans sa bouche. Elle le faisait exprès n'est-ce pas ? Son regard reste un moment fixé sur sa bouche, ses lèvres avant qu'elle ne secoue la tête, reprenant sa position initiale, l'air de rien. Depuis qu'elle vivait chez eux, cela était devenu un problème. Non pas qu'elle représentait un problème, du moins l'effet qu'elle avait sur elle en était un. La soeur de son mari.. ce n'était pas correct. En attendant, Alexander n'était jamais présent, pour changer, et elle était là sous son nez. Regardez là, il faudrait être fou pour ne pas profiter... de cette vue. Oui, Séléné ne faisait que regarder, il n'y avait rien de mal, si ? Certes, ce n'était pas très conventionnel de mater sa belle-soeur avec une telle insistance, mais les belles choses étaient faites pour être vues si on peut dire. Artémis n'était pas une "chose" et Séléné ne la réduisait pas à ça, loin de là. Elle appréciait tout chez elle, autant sa plastique que son esprit, tout. A part le fait qu'elle soit la soeur de son mari bien entendu. L'avoir chez elle l'aidait à se sentir moins seule, c'était un avantage à ne pas négliger surtout lorsque l'on a un mari qui est très souvent absent car en déplacement. Mais la voir dès le petit-déjeuner, parfois en tenue légère, était un véritable supplice. Séléné devrait se concentrer sur autre chose, notamment sur le planning des partiels, pourtant elle fait tout l'inverse et griffonne un "Je t'invite à manger après la réunion ?" sur un bout de papier qu'elle pousse devant Artémis. Certes, on n'était plus au lycée, mais c'était la seule façon de communiquer pendant ce genre de réunions.

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boredom is a dangerous thing, when it may lead to something else...

Comme partout, comme pour beaucoup de personnes aussi, ce genre de réunions étaient une plaie. Car dans le fond, personne ici ne voulait être là, pas même le chef du département mais son boulot le forçait à y être et à donner ce speech à toute son équipe professorale alors qu'il voudrait bien être partout ailleurs plutôt qu'ici. Comme c'était le cas pour nos deux jeunes femmes. Qui donneraient cher pour pouvoir retourner à leurs activités habituelles et faire quelque chose d'au moins réellement intéressant. Car oui, le budget du département ou le fait de devoir assister aux partiels pour surveiller les étudiants, ça aurait très bien pu être mis dans un email, on le sait tous. Ça aurait fait gagner du temps à tout le monde en plus... Mais non, une matinée entière perdue pour le coup... Et en plus il avait fallu venir relativement tôt, de quoi vous donnez encore plus envie de ne pas écouter ce qui se disait. Bon, elle était déjà debout depuis un moment avant même d'avoir du partir pour la faculté mais n'empêche... Vu le sujet de la réunion et la présence à ses côtés de sa chère belle-sœur, autant dire que son esprit était ailleurs ce matin...

A vrai dire, elle tentait bel et bien de se vider l'esprit pour penser à tout sauf à elle. Ce qui n'était pas réellement évident alors qu'elle se trouve juste à côté. Alors elle aussi est ravie de devoir affronter la surveillance de partiels en bonne compagnie d'ici quelques mois, mais en attendant, elle essaie surtout de ne pas lui faire voir qu'elle lui faisait de l'effet. Parce que oui, quand même, être attirée par la femme de son frère, c'était pas vraiment simple comme situation à gérer. Car si encore, ça n'était que purement physique, elle pourrait finir par passer outre à un moment ou un autre. Mais non, ça serait bien trop simple si ça ne tenait qu'à ça. Séléné avait tout pour elle en même temps, faut bien le dire. Belle et terriblement intelligente, drôle, et ayant les mêmes centres d'intérêt qu'elle. C'était quand même un sacré coup du destin que ce dernier la mette sur le chemin de son frangin et pas sur le sien. Mais bon, ce qui est fait est fait... Il faudrait bien continuer à faire comme si de rien n'était, puisque de toute façon, à ses yeux, il n'y avait qu'elle qui pouvait ressentir ça. L'esprit ailleurs donc, en apparence, vu qu'elle mâchonne son stylo distraitement, elle revient à elle quand elle voit sa collègue lui donner un mot. Oui, la méthode est très old school pour le coup mais efficace et approprié vu la situation. Elle sourit en lisant le mot et écrit sa réponse sur le bout de papier avant de le retourner à son expéditrice. On peut y lire un "Oh mon dieu oui, après ça, il n'y a qu'un bon burger qui puisse nous ressusciter." Elle retient un rire quand elle voit la tête qu'elle fait en lisant sa réponse, ce qui lui fait dire qu'elle partageait son avis sur la question et elle lui adresse un petit clin d'oeil. Vivement que cette fichue réunion touche à sa fin à présent...